
Le Chef de l’État congolais participe au deuxième Sommet mondial pour le développement social au Qatar. Entre plaidoyer humanitaire, diplomatie économique et ouverture vers le monde arabe, ce voyage porte des enjeux majeurs pour la RDC.
Une tribune mondiale pour la voix du Congo
Arrivé ce dimanche à Doha, le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, accompagné de la Première dame Denise Nyakeru Tshisekedi, prend part au 2ᵉ Sommet mondial pour le développement social du 4 au 6 novembre, organisé sous l’égide de l’Assemblée générale des Nations-Unies.
L’événement, accueilli par l’Émir du Qatar, réunit plusieurs Chefs d’État, décideurs politiques et organisations internationales autour d’un thème central : lutter contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion sociale, tout en promouvant le travail décent et la justice sociale.
Pour la RDC, ce sommet représente bien plus qu’une simple rencontre diplomatique : c’est une occasion stratégique de redéfinir son image internationale, et de défendre une cause nationale devenue globale, celle de la paix et du développement durable.
Plaidoyer et diplomatie active
Depuis plusieurs mois, Félix Tshisekedi intensifie son offensive diplomatique pour alerter sur la guerre d’agression que subit la RDC dans sa partie Est.
À Doha, il compte encore une fois interpeller la communauté internationale sur les conséquences de la guerre menée par le Rwanda et la coalition M23/AFC, responsables d’une crise humanitaire majeure.
« Ce sommet doit être une tribune pour traduire la souffrance du peuple congolais en engagement international concret », estime un diplomate congolais.
L’objectif : passer du plaidoyer moral à la diplomatie d’action, mobiliser les États arabes, asiatiques et européens autour d’un soutien politique, humanitaire et économique cohérent.
Un signal d’ouverture vers le monde arabe
La présence du Chef de l’État à Doha est également un geste de reconnaissance envers l’Émir du Qatar, dont la diplomatie s’est montrée discrètement active dans la recherche de solutions aux conflits de la région des Grands Lacs.
Mais surtout, ce voyage s’inscrit dans la dynamique économique nouvelle entre Kinshasa et Doha.
Le Qatar, à travers sa multinationale DP World, est l’un des partenaires stratégiques du projet Port en eaux profondes de Banana, un chantier estimé à plus d’un milliard de dollars.
« Le port de Banana changera la géographie économique de la RDC, en la connectant directement à l’océan et aux marchés mondiaux », analyse de Philémon MANANGA BULA économiste congolais et auteur.
Ce projet symbolise l’ambition de Tshisekedi : ancrer la RDC dans les grandes routes commerciales internationales.
Questions de fond et défis à relever
Cette visite ouvre aussi la voie à plusieurs questionnements essentiels :
-La diplomatie congolaise est-elle suffisamment structurée pour transformer les tribunes internationales en résultats tangibles ?
-Comment garantir que les accords signés se traduisent par des projets concrets et mesurables sur le terrain ?
-Le plaidoyer humanitaire du Chef de l’État ne doit-il pas s’accompagner d’une réforme interne de gouvernance pour crédibiliser le message congolais à l’étranger ?
« Le Congo doit cesser d’être un éternel sujet de compassion et devenir un partenaire stratégique respecté », commente un chercheur en relations internationales.
Dans un contexte où la diplomatie se veut désormais un levier de développement, la RDC gagnerait à structurer ses actions autour des axes suivants :
-Créer une cellule de suivi diplomatique rattachée à la Présidence pour évaluer l’impact des participations internationales.
-Développer des partenariats économiques ciblés avec les pays du Golfe dans les domaines des infrastructures, de l’énergie et de l’agro-industrie.
-Valoriser la diplomatie du développement — une approche où chaque déplacement présidentiel produit des résultats économiques mesurables.
-Mettre en avant la communication stratégique de la RDC sur la scène mondiale pour mieux défendre ses intérêts.
De la tribune à l’action
En conclusion, Doha offre à Félix Tshisekedi une scène mondiale et un test diplomatique.
Le monde écoute le Congo, mais l’enjeu désormais est de convertir cette écoute en partenariats concrets, en investissements directs et en actions de paix.
Ce déplacement marque un pas de plus vers une diplomatie congolaise mature, proactive et orientée vers les résultats, celle d’un pays qui ne veut plus subir le monde, mais y participer pleinement.
Dossier de JONATHAN TSOBO